lundi 17 mai 2010

Auschwitz Birkenau : sur les lieux




C’est avec beaucoup d’appréhension et de dignité que nous avons franchi la porte des camps d’Auschwitz et de Birkenau. Tous cherchaient à comprendre la réalité qui se cache derrière les livres d’histoire, mais pour certains, il s’agissait aussi d’honorer les membres de leur famille, en marchant sur leurs pas et en découvrant les lieux où ils ont tant souffert...


Auschwitz

Auschwitz fut l’un des plus grands camps de travail et d’extermination d’Europe pendant la guerre 1939-45. Construit par les déportés eux-mêmes, il abritait des milliers de juifs, de tziganes, et autres communautés persécutées par les Nazis... C’est donc accompagné par notre respectueuse guide, Hedwige, et par le témoignage vivant de Madame Kolinka, que notre groupe commença la visite d’un foyer de terreur et de haine, de camps qui sont la preuve matérielle de la douleur et de la déshumanisation de millions d’hommes, de femmes et d’enfants. Pendant plusieurs heures, nous avons vu la mort en face...


L’inscription sur le portail du camp : « Arbeit macht frei », « Le travail rend libre ». Les regards se baissent : on commence à entrevoir l’horreur, la cruauté et la haine qui règnent dans ce lieu. Quelques mètres plus loin, une photo d’un orchestre : les déportés entraient dans le camp au rythme de la musique, avec l’interdiction totale de jeter un seul regard sur les officiers qui, debout devant la porte, menaient les foules vers le lieu où s’effectuait la « sélection ». Seuls les personnes ayant entre 15 et 45 ans étaient forcées au travail dans le camp. Pour les autres, c’était la mort.



Madame Kolinka, d’un pas assuré, semble affronter le lieu, le défier du regard : « C’était vraiment une usine. Une usine de la mort. » soupire-t-elle. De fait, l’extermination des juifs est un processus ignoblement mais parfaitement organisé : les blocs se suivent, alignés, et offrent le spectacle affreux d’un meurtre organisé, avoué. Au sein des communautés, les Nazis en désignaient certains, appelés les « Kapos » pour leur infliger la pire tâche qui soit : persécuter les autres, et veiller à ce que chacun soit humilié, battu, avant d’être abattu... Les membres du groupe sont comme foudroyés, les expressions sont figées, les regards incrédules devant une telle terreur : 1 100 000 sur les 1 300 000 ont trouvés la mort. Dans les blocs réaménagés, on peut voir les cheveux arrachés pour être ensuite vendus sous forme de tissus, les tas ignobles de chaussures d’enfants retrouvés sur les lieux, les prothèses et les béquilles entassées, tant de visions d’horreur qui tétanisent, horrifient, mais qui ont le pouvoir d’imposer dans les consciences la réalité d’un évènement, mais aussi d’une idéologie contre laquelle nous tous devons lutter, en commençant par ses premières manifestations : exclusion, stigmatisation, intolérance, et racisme... Dans le bloc n°4, une phrase prononcée par l’écrivain et philosophe espagnol Georges Santayana, a été écrite en gros caractères sur le mur : « Celui qui ne fait pas mémoire du passé est condamné à le revivre. »

Birkenau


Avant même que l’on passe le grand portail, en suivant les rails par lesquels passaient les convois où étaient enfermés des milliers de déportés, on est confrontés à l’immensité du camp, aux formes inquiétantes des blocs : l’endroit est parfaitement entretenu, mais il respire la saleté et la haine... Une large route en terre, dont on ne voit pas le bout, traverse le camp, suit le trajet des rails, et semble se jeter dans la forêt, où l’on aperçoit les vestiges des chambres crématoires. C’est ici que les Nazis brûlaient les milliers de corps dont ils avaient prémédité la mort.


Madame Kolinka, en prononçant des mots terribles, de par leur exactitude et leur précision, nous mène à travers les lieux où elle a vécu son internement : elle raconte les violences terribles auxquelles elle a assisté, les conditions de vie effroyables des internés, entassés à 18 sur des planches de bois superposées, subissant l’humiliation quotidienne...


C’est par son témoignage que l’on entrevoit l’horreur de l’entreprise nazie : avec regret, elle raconte : « voir les dizaines d’enfants avancer sur le chemin de la mort ne me procurait plus aucun chagrin : je me disais que c’était comme ca... » La déshumanisation fut complète, radicale, et l’endroit nous le fait bien comprendre.


Au bout de la route qui traverse le camp a été érigé un monument au pied duquel sont alignées des pierres, sur lesquelles il y a des inscriptions : sur celle consacrée a la France, il est écrit : «Que ce lieu où les nazis ont assassiné un million et demi d’hommes, de femmes, et d’enfants, en majorité des juifs de divers pays d’Europe soit à jamais pour l’humanité un cri de désespoir et un avertissement.». Tous ensemble nous y avons déposé des fleurs, puis des bougies. Madame Kolinka a demandé une minute de silence, et tous, en se tenant la main, nous avons montré que l’espoir existait et que la fraternité, l’amitié, nous serviraient d’armes contre le racisme, la violence et la haine.



Josué Serres, étudiant

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