jeudi 1 juillet 2010

"Je voulais me cacher pour pleurer"

J'essaye d'écrire. Je vais faire cette action là par rapport à Auschwitz Birkenau. Je vais faire acte de me souvenir alors que tout demeure. Je me souviens que le jour J comme on dit, je me suis réveillée chiffonnée. Je suis descendue pour le petit déjeuner en me créant un visage que je voulais neutre. Comment dire? Neutre n'est pas le bon mot. Je tenais à me protéger. Ce fut peine perdue. La vision d'Auschwitz Birkenau m'a éclatée le ventre. J'ai eu envie de vomir pendant toute la visite. Ce que je raconte est de l'ordre de l'intimité mais ce n'est pas obscène. Peut être est ce que je me fixe sur mes maux physiques parce qu'il m'est impossible de raconter Auschwitz Birkenau. J'aimerais mais quelque chose en moi s'y refuse. Marcher près des rails, sentir l'air qui a tant manqué durant l'Extermination, je ne sais pas, cela m'a assommée. A un moment donné, j'ai craqué. Je voulais me cacher pour pleurer. Et puis le groupe, c'est à dire nous, c'est à dire vous, nous avons fait un grand cercle. On se donnait ( le verbe donner est chouette) les mains. Je ne sais plus à qui je me suis agrippée mais je me souviens que cet acte fut comme la sensation d'une crème hydratante sur une peau desséchée:un baume protecteur.Sur le chemin vers la sortie ( chemin et sortie ne sont pas les mots réels) j'avais très envie de courir. Il y avait en moi la notion de fugue. J'étais en petits morceaux. Certains de ces petits morceaux qui me constituent n'ont pas eu la croyance de pouvoir prendre l'avion direction Paris en étant entiers. Pourtant ils sont tout petits.
Sandrine Capelle, bibliothécaire

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